Des ados ukrainiens recrutés par le FSB
On n’arrête pas d’être surpris par les capacités d’infiltration des Ukrainiens en Russie pour y mener des actes de sabotage et des opérations spectaculaires du type Toile d’Araignée
Mais la Russie déploie exactement les mêmes méthodes pour infiltrer ses agents et recruter des Ukrainiens.
Et dans cette logique, les réseaux sociaux et plateformes comme Telegram ou TikTok sont très utiles
à tel point que des Ukrainiens, notamment des adolescents, peuvent être recrutés à leur insu
pour ouvrir des nouveaux fronts dans l’arrière du pays.
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où je développe les informations que j’ai publié dans un article pour La Croix,
parce que j’ai commencé une colalboration avec ce quotidien
je mets le lien évidemment dans la description de cette vidéo.
L’article revient sur un phénomène qui inquiète au plus haut point les autorités ukrainiennes, notamment les services de sécurité, le SBU,
et qui s’est amplifié depuis un an.
c’est le recrutement des jeunes Ukrainiens sur les réseaux sociaux.
Le fait qu’il y ait des Ukrainiens qui travaillent pour la Russie, et donc qui trahissent leur pays, il est bien connu
il peut prendre plusieurs formes, à plusieurs niveaux, ça va d’une grand-mère dans les zones de combat qui renseigne les Russes sur des mouvements de troupe
à des individus qui sont recrutés pour des assassinats
on en découvre régulièrement dans les cercles du pouvoir,
par exemple on sait que certains membres des gardes rapprochées de Volodymyr Zelensky, de Kyrylo Budanov ou encore de l’ancien commandant en chef des forces armées Valeriy Zaloujniy ont tenté d’assassiner leurs patrons
Le 3 juillet on a appris l’arrestation d’un officier de l’armée de l’air pour espionnage au profit des forces russes.
Tout ça, c’est classique, c’est de bonne guerre sans mauvais jeu de mots, et l’Ukraine fait pareil en Russie.
Mais le FSB, les services de sécurité russes, a développé une nouvelle technique, en proposant des missions très ciblées, très ponctuelles, à des utilisateurs ukrainiens.
Ca commence par des objectifs inoffensifs: livrer un colis, prendre une photo d’un endroit en particulier, dessiner un graffiti sur un mur en particulier
et si la personne s’acquitte bien de ses missions, celles-ci peuvent prendre de l’importance, jusqu’à aller à du sabotage ou des assassinats.
Ces dernières semaines, plusieurs cas ont défrayé la chronique: le 25 juin, un soldat en permission à Kiev s’est rendu à un rencard avec une fille ukrainienne rencontrée en ligne
arrivé au pied de son immeuble, elle lui dit qu’elle arrive, qu’il l’attende près de son scooter.
et quelques secondes après, le scooter explose, le soldat en rééchappe de peu.
Le même jour, le coupable est arrêté, c’est un jeune de 19 ans qui a été recruté en ligne, il a reçu des conseils pour acheter des composantes d’une bombe, l’assembler et la cacher dans un scooter
il a expliqué aux forces de l’ordre qu’il a fait exprès de ne pas mettre une grosse charge explosive pour ne tuer personne mais malgré tout il encourt jusqu’à 12 ans de prison.
Il y a eu un autre cas le même jour à Kharkiv, où une jeune femme de 19 ans aussi a livré un vélo électrique à des soldats, sous la forme d’un don.
le vélo a explosé, là en tuant un soldat et en blessant un autre.
La première motivation, c’est l’appât du gain évidemment, et la perspective de rémunérations faciles, en général entre 100 et 1000 dollars
ce genre de rémunération, c’est très attrayant pour des adolescents
Depuis le printemps 2024, le SBU a appréhendé plus de 700 individus, dont 175 mineurs, c’est à dire un quart!
Ils veulent de l’argent facile et répondent juste à des offres d’emploi qui pullulent sur Telegram et Tiktok mais aussi Discord ou sur Whatsapp, ou tout simplement par SMS.
là il faut que je fasse un aparté sur ces applications notamment Telegram qui est bien connu pour être à la fois une appli de messagerie et un réseau social qui préserve l’anonymat de ses utilisateurs et ne met en oeuvre aucune régulation
ce qui en a fait une plateforme idéale pour les réseaux de contrebande, de crime organisé, de pédophilie, etc.
Ca on le sait depuis longtemps mais c’est devenu très évident quand le fondateur Pavel Durov a été arrêté en France, parce qu’il est citoyen français, et que les enquêteurs ont mis à jour ses liens avec le FSB russe.
donc il faut être très prudent quand on utilise Telegram.
L’application et beaucoup d’autres sont utilisées depuis des années par les groupes dont j’ai parlé et donc beaucoup de gens sont habitués à y trouver des petits boulots
qui sont faciles, qui sont proposés sans contexte et donc sans aucun sentiment de conséquence ou de responsabilité, et qui sont vite rémunérés soit en liquide, soit en nature, soit par en crypto-monnaie.
et donc en Ukraine, beaucoup de gens continuent à faire ça.
Sauf que depuis un an environ, beaucoup de ces offres d’emplois sont publiées par le FSB.
et que si elles visent explicitement à nuire aux intérêts ukrainiens, leur commanditaire n’est pas forcément bien identifié.
Par exemple A Kharkiv, fin 2024, deux amis croyaient participer à un jeu de piste en ligne, un quest,
et se sont faits arrêtés parce qu’ils prenaient des photos des défenses anti-aériennes autour de la ville.
A Ivano-Frankivsk en mars dernier, deux jeunes de 15 et 17 devaient livrer un colis à la gare ferroviaire.
simplement il y avait une bombe dans le colis et les Russes l’ont fait exploser sans prévenir, ce qui a tué un des adolescents, blessé l’autre et deux autres passants.
C’est un réel problème pour les autorités ukrainiennes,
qui peut s’expliquer par l’ignorance comme j’ai dit mais aussi par des sentiments pro-russes ou un certain ressentiment envers les forces armées ukrainiennes
dans le contexte de guerre, ça peut correspondre à n’importe quoi
le SBU a mis en place une campagne de sensibilisation, des affiches dans les rues, des spots publicitaires, une hotline sur Telegram et des campagnes de pédagogie dans les écoles.
Mais le phénomène est important, et il ne touche pas que les Ukrainiens d’Ukraine,
l’agence reuters a aussi travaillé sur le sujet concernant les Ukrainiens de l’étranger: en Allemagne, en Estonie, en Lituanie et au Royaume-Uni, plus d’une douzaine d’adolescents ukrainiens ont été arrêtés pour espionnage ou sabotage au profit de la Russie.
Un phénomène très préoccupant, et qui pose encore les questions d’apprentissage de l’usage des nouvelles technologies de l’information, et de la régulation.
Merci