Expertise
L’actualité en Ukraine et dans les pays alentours ne manque pas de nous étonner et de nous fasciner, et ce bien avant le 24 février 2022. Les premiers articles sur ce blog datent de 2009. Le fil se densifie à partir de 2011 et mon installation en Ukraine en tant que correspondant de presse, puis mon rôle de chef du service international de La Libre Belgique a Bruxelles, de 2022 à 2023. Mes contributions se déclinent en reportages, billets d’actualité, analyses et commentaires livrés à différents médias.
Koupiansk libérée - Siversk occupée
Plus personne ne comprend rien au processus de négociations initié par Steve Witkoff et Kirill Dmitriev, et c’est bien normal,
ça part dans tous les sens, on ne sait pas à quel document se référer, et si tout le monde de Moscou à Kyiv, de Bruxelles à Washington, parle de la même proposition.
Par contre, sur le terrain, la guerre continue, elle peut aussi être tout à fait floue et confuse
mais elle nous a donné plusieurs nouvelles très claires ces dernières 24h
d’une part, la ville de Siversk est tombée aux mains des Russes
d’autre part, la ville de Koupiansk a été quasi-intégralement reprise par les Ukrainiens
c’est la première fois que les Ukrainiens arrivent à déloger des soldats russes qui s’infiltrent dans une ville après une longue et difficile bataille urbaine.
Combien d’Ukrainiens en Ukraine?
On s’interroge depuis de nombreuses années, a fortiori depuis 2022, sur la taille de la population ukrainienne
Les projections démographiques sont très inquiétantes, on parle de 15 millions d’Ukrainiens en 2100
mais ce ne sont que des projections car on ne sait juste pas combien de personnes restent dans le pays actuellement
le magazine Forbes vient de publier une étude tout à fait intéressante, avec une méthode de calcul alternative,
qui établit qu’entre 28 et 31 millions de personnes habitent aujourd’hui les territoires contrôlés par le gouvernement ukrainien.
Jusqu’à 38 millions de personnes en incluant les territoires occupés.
Myrnohrad encerclée. Pourquoi ne pas évacuer?
La bataille pour Pokrovsk dure depuis environ un an et demie,
en gros à partir de la percée russe à Otcheretiné qui a ensuite amené les troupes d’invasion aux portes de la ville.
Elle n’est toujours pas terminée aujourd’hui au sens actif du terme. Mais il ne s’agit plus de stratégie ou de tactique.
si la bataille continue, c’est à cause de l’entêtement du haut commandement ukrainien à repousser l’évacuation.
pour des bénéfices qui semblent tout à fait abstraits.
Vers nulle part?
Donald Trump regrette que Volodymyr Zelensky n’ait pas lu la proposition de plan de paix
mais par contre, cette proposition irait aux Russes alors que Iouriy Oushakov a répété il y a quelques jours que des différences persistent
Volodymyr Zelensky assure lui avoir bien la proposition, mais assure que Donald Trump a sa propre vision qui diffère de la perspective ukrainienne.
Et là-dessus, même les dirigeants européens par la voix de Friedrich Merz estiment qu’ils sont très sceptiques quant à cette nouvelle initiative.
Voilà l’état d’esprit du moment, et je ne résiste pas à l’envie de faire un petit point sur ce nouveau numéro de cirque géopolitique.
27% du PIB ukrainien dans la défense
Dans les pays membres de l’OTAN, on s’écharpe à savoir s’il faut augmenter les dépenses de défense à 3, 4 ou 5% du PIB
En Ukraine, on a déjà dépassé ce débat depuis très longtemps. Le budget 2026 alloue 60% de ses dépenses à la défense, ce qui représente 27,2% du PIB.
C’est absolument colossal, et la structuration de ce budget en dit très long sur l’économie ukrainienne dans le quatrième hiver de l’ invasion russe
Le missile de la corruption?
On en a déjà entendu parler, le missile Flamingo, est célébré pour son faible coût de production et sa portée de 3000 kilomètres
C’est le premier missile balistique ukrainien, et si la production était portée à l’échelle, il pourrait sérieusement renforcer la position ukrainienne dans sa campagne de tirs dans la profondeur.
Mais la société qui le produit, Fire Point, est aussi célèbre que mystérieuse. Elle pourrait être associée au scandale de corruption qui secoue l’Ukraine depuis 3 semaines.
La flotte fantôme brûle-t-elle?
Depuis 2022, on redoute très régulièrement que la guerre russe contre l’Ukraine ne déborde et ne se transforme en un conflit mondial
On en est encore très loin, mais par contre on parle depuis 3 ans d’un conflit mondialisé, dont les conséquences dépassent le strict cadre de l'affrontement entre deux pays.
Actuellement, ce sont la Turquie et le Kazakhstan qui se plaignent et ça peut avoir des conséquences
Zelensky plus isolé que jamais?
En Ukraine, on vit la fin d’une ère politique,
après la démission du chef de cabinet de Volodymyr Zelensky Andriy Yermak dans le cadre d’une enquête anticorruption.
Il y a encore beaucoup de questions, sur les suites de l’enquête, est-ce qu’elle va remonter au Président, sur les conséquences politiques et sur la séquence diplomatique en cours
mais c’est bel et bien la fin d’une ère, étant donné qu’Andriy Yermak était en poste depuis février 2020 et qu’il s’était rendu aussi incontournable qu’indispensable auprès de Volodymyr Zelensky.
Quand le front approche
On a bel et bien l’impression que le nouveau numéro de cirque trumpien va se terminer par un non-lieu, à cause du chaos qui règne à la maison blanche, de la fermeté ukrainienne et européenne et de l’intransigeance russe
cela nous ramène donc, encore une fois, aux logiques de la ligne de front.
On en a déjà beaucoup parlé sur cette chaîne, les tendances ne sont pas bonnes pour l’Ukraine et les perspectives d’inverser la dynamique, ou en tout cas de stopper le grignotage russe, sont assez complexes,
En particulier quand il s’agit de recruter de nouveaux soldats pour combler les trous dans la raquette et stabiliser le front.
Sur ce sujet du recrutement, je voudrias vous partager un post Facebook qui fait grand bruit en Ukraine, et qui raconte la motivation de s’engager dans l’armée par le sentiment de l’avancée du front
La Croix: face au plan Trump, les Ukrainiens oscillent entre fatalisme et indignation
L’initiative de l’administration Trump pour un cessez-le-feu dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie, et qui a fait l’objet de négociations à Genève, est prise au sérieux en Ukraine, où elle suscite beaucoup de défiance.
La catastrophe climatique née de la guerre russe contre l'Ukraine
La COP 30 vient tout juste de se terminer sur un résultat mitigé et décevant, mais ce n’est pas vraiment une surprise
compte tenu des résultats décevants des COP précédentes, on sait déjà qu’on a manqué la cible de 1,5 degrés de réchauffement
et on n’arrive pas à obtenir un engagement pour sortir des énergies fossiles.
A cette COP 30, la position de l’Ukraine était alignée sur celle de l’Union européenne
en promettant une réduction de ses émissions de plus de 65% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et la neutralité carbone à l’horizon 2050
Et c’est tout à fait faisable compte tenu de la décarbonation de l’économie ukrainienne dans le contexte de guerre russe.
Mais ça n’enlève rien au paradoxe dans lequel se trouve l’Ukraine: les émissions liées à la guerre ont atteint 237 millions de tonnes de CO2, ce qui est l’équivalent des émissions de quatre pays européens.
Perdre sa dignité ou un allié essentiel
On en sait beaucoup plus sur la proposition du plan de paix concocté par Steve Witkoff et Kirill Dmitriev
on en sait plus sur les détails, mais aussi sur la réaction ukrainienne et la pression américaine.
Parce que cette fois, la Maison blanche ne parle pas d’une tentative ou d’un processus, mais bien d’un accord à prendre ou à laisser.
Une initiative bizarre
Depuis deux jours on est dans une nouvelle séquence diplomatique complètement bizarre avec des révélations sur un nouveau plan de paix qui aurait été négocié en secret sans participation ukrainienne ou européenne ça marque une nouvelle initiative de l’administration Trump de mettre fin à la guerre russe contre l’Ukraine mais c’est une proposition qui est teinté de mystère, d’hésitations et de maladresse et ici en Ukraine on voit surtout ça avec une lassitude croissante.
La Croix: L’Ukraine incrédule et lasse face au “plan de capitulation”
Loin de convaincre, l’initiative de paix concoctée en secret par Steve Witkoff, représentant informel de Donald Trump, suscite l’inquiétude en Ukraine. Figure dans ce « plan de capitulation » l’essentiel des revendications maximalistes russes, dont le contrôle territorial sur le Donbass.
Le front de Zaporijjia pire que Pokrovsk?
On a tous les yeux rivés sur les villes de Pokrovsk et de Myrnohrad pour savoir si et quand ces champs de ruines dans l’est de l’Ukraine vont tomber aux mains des Russes
Et quand je dis tous, je parle évidemment des journalistes, des observateurs internationaux mais aussi du haut commandement ukrainien
qui a tenté plusieurs opérations de stabilisation ou de contre-offensives très localisées ces dernières semaines.
Mais pendant que les Ukrainiens sont occupés à Pokrovsk, les Russes poursuivent une lancée assez impressionnante plus au sud, dans la région de Zaporijjia.
Comme toujours, les problèmes de ressources humaines, de fortifications et la stratégie globale du haut commandement sont au coeur des critiques.
La Croix: Zelensky déstabilisé par le plus important scandale de corruption de son mandat
L’exécutif de Kiev n’en finit pas d’être ébranlé par les révélations d’organes de lutte contre la corruption concernant plusieurs hauts dirigeants et proches de Volodymyr Zelensky. Sa promesse de 2019 de mettre fin à la corruption endémique semble bien loin.
Le plus gros scandale de corruption de l’ère Zelensky?
Ce 13 novembre, on est au quatrième jour d’un scandale de corruption qui n’en finit pas de secouer l’Ukraine. Il a trait au secteur de l’énergie mais surtout, il implique des proches de Volodymyr Zelensky qui pour la première fois se retrouve vraiment impliqué dans un vrai scandale. pas forcément par sa participation active, mais a minima par complaisance
La Croix: En mal de recrues, Kiev craint d’être submergé par les forces russes
La bataille de Pokrovsk met en lumière les trous qui émaillent le front ukrainien. Au-delà du choc de cette nouvelle menace de défaite, les inquiétudes sur les capacités de Kiev à maintenir une défense cohérente sont légion, tandis que Moscou continue de déverser armes et soldats dans la bataille.
Trump-Orban: une bromance qui paie?
Viktor Orban a remporté son pari. Il s’est rendu en personne à Washington pour convaincre Donald Trump de lui accorder une exemption sur l’application des sanctions US sur Lukoil et Rosneft,
et il l’a eu.
C’est un épiphénomène au vu de la taille de la Hongrie mais ça en dit long d’un point de vue géopolitique.
Actifs russes gelés: la saisie ou la banqueroute de l’Ukraine?
Il se joue actuellement une rude bataille dans les couloirs des institutions et des chancelleries européennes
pour débloquer plus de 170 milliards d’euros d’actifs russes gelés qui seraient mis à disposition de l’Ukraine.
En l’occurence, c’est surtout la Belgique qui bloque, et demain vendredi devrait se tenir une réunion de crise avec la Commission européenne
pour tenter de solutionner ce problème.
Les alternatives sont simples: soit débloquer ces fonds pour financer l’Ukraine, soit que les Etats-membres mettent la main au portefeuille, encore plus qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent.
Il existe évidemment une troisième possibilité: ne plus financer l’Ukraine et laisser le pays en situation de banqueroute.
Alors, pourquoi utiliser cet argent, pourquoi la Belgique bloque, et pourquoi la Norvège pourrait bien arriver en sauveur de la dernière heure?