Koupiansk libérée - Siversk occupée
Plus personne ne comprend rien au processus de négociations initié par Steve Witkoff et Kirill Dmitriev, et c’est bien normal,
ça part dans tous les sens, on ne sait pas à quel document se référer, et si tout le monde de Moscou à Kyiv, de Bruxelles à Washington, parle de la même proposition.
Par contre, sur le terrain, la guerre continue, elle peut aussi être tout à fait floue et confuse
mais elle nous a donné plusieurs nouvelles très claires ces dernières 24h
d’une part, la ville de Siversk est tombée aux mains des Russes
d’autre part, la ville de Koupiansk a été quasi-intégralement reprise par les Ukrainiens
c’est la première fois que les Ukrainiens arrivent à déloger des soldats russes qui s’infiltrent dans une ville après une longue et difficile bataille urbaine
alors parlons-en.
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on constate donc deux évolutions majeures sur le front.
comme j’ai dit, pas forcément besoin de parler des négociations diplomatiques, ça part dans tous les sens,
et les documents qui existent ne constituent toujours pas des bases juridiques fiables pour un quelconque accord de paix
par exemple on sait que les Européens sont désignés par le terme Europe, et donc on ne sait qui ça veut dire? le continent? l’Union européenne? les Britanniques? Les suisses?
deuxième exemple: la zone démilitarisée qui est proposée dans l’oblast de Donetsk, elle relèverait de quelle juridiction?
les Russes disent que ça serait à eux, et que s’ils ne peuvent pas y mettre leur armée ils y mettront leur police ou la garde nationale
donc ça ne serait pas exactement une zone démilitarisée
enfin bref, c’est un gros bazar et il semble vraiment qu’à l’origine et au bout de cette séquence diplomatique, il y a Donald Trump
c’est lui qui pousse pour des résultats, c’est qui lui fait que tous les acteurs de ces pourparlers se démènent, même s’ils comprennent que ça ne va pas forcément déboucher sur qqc
mais il veut que ça bouge, alors on fait bouger le schmilblik
même s’il ne lit pas les textes en question ni même qu’il sait placer la Crimée sur la carte
dans son interview à Politico il a assuré que la Crimée était entourée de l’océan des quatre côtés.
bon, je diverge.
je suis à peu près persuadé que Donald Trump n’a aucune idée des villes dont on parle maintenant, Siversk et Koupiansk,
et pourtant c’est sans aucun doute en partie à cause de lui que ces batailles se déroulent pour l’impressionner dans un sens ou dans un autre
Là-dessus, la stratégie ukrainienne est très lisible,
on le voit à travers la résistance acharnée des Ukrainiens à Pokrovsk et Myrnhorad c’est sans doute aussi pareil, j’en ai parlé dans ma précédente vidéo sur le sujet.
mais aussi à travers cette opération de reconquête de Koupiansk qui est assez remarquable
On se rappelle que les Russes ont grignoté peu à peu depuis le nord de la ville
et ils se sont infiltrés comme ils l’ont fait dans d’autres villes assiégées
en octobre et novembre, la situation semblait critique
le 20 novembre, l’état major russe affirmait que toute la ville avait été recapturée après l’avoir perdu en 2022
le 2 décembre, Vladimir Poutine invitait les journalistes internationaux, même les Ukrainiens, pour constater la prise de la ville
et le 12 décembre, c’est donc Volodymyr Zelensky qui se présente aux portes de la ville
et que Deep state montre une reconquête quasi totale grâce à une offensive sur les routes logistiques russes venues du nord
l’offensive a été menée par le 2nd corps d’armée Khartiia qui a donc réussi à reprendre le contrôle du nord de la ville et de quelques villages environnants
il reste quelques unités russes dans la ville de Koupiansk, les combats se poursuivent à l’heure où j’enregistre ma vidéo
c’est pour cela que Volodymyr Zelensky n’est pas entré en ville d’ailleurs
mais on a bien situé où il s’est enregistré, c’est à 500 mètres de la zone grise et à deux kilomètres des positions supposées des Russes,
donc on peut critiquer Volodymyr Zelensky pour beaucoup de choses, et la crise politique actuelle en est une,
mais il a quand même des tripes de se rendre aussi proche des combats
le symbole est très fort, il montre que l’armée ukrainienne a encore les moyens de contre-attaquer en certains endroits,
et c’est aussi comme j’ai dit la première bataille urbaine dans laquelle l’Ukraine prévaut, c’est assez inédit
vu que d’habitude une fois que les russes se sont infiltrés et s’accrochent à des blocs d’habitation, il est très très dur, voire impossible de les en faire partir.
cette image très forte est doublée de celle-ci, c’est une capture d’écran d’un système de surveillance d’attaques aériennes,
ça date de la nuit du 11 au 12 décembre, les Russes indiquent qu’environ 350 drones ukrainiens ont été lancés sur des cibles dans la profondeur russe.
C’est la plus grosse attaque aérienne que l’Ukraine lance contre la Russie depuis 2022, on reste loin des 700 ou 800 drones et missiles que la Russie parvient à envoyer en une fois contre l’Ukraine
mais on a vu des dégâts conséquents quand même en Russie.
sur cinq raffineries, quatre aérodromes, une palteforme pétrolière de Lukoil dans la mer caspienne,
et la ville de Moscou en état d’alerte aérienne avec des sirènes qui résonnent pendant plusieurs heures d’affilée.
là encore, le symbole est fort. Donald Trump n’arrête pas de dire que Volodymyr Zelensky n’a pas de cartes, voilà que l’Ukraine démontre qu’elle en a,
et elle s’en sert.
Dans sa vidéo aujourd’hui, le Président ukrainien a bien fait le lien entre cette opération réussie, une première bonne nouvelle sur le front militaire depuis très longtemps, et les négociations diplomatiques
en répétant que c’est en ayant tenant ses positions sur le terrain qu’on tient ses positions dans les négociations.
c’est vrai, mais ça n’empêche que les difficultés structurelles de l’armée ukrainienne restent les mêmes.
et qu’on ne sait toujours pas si les négociations vont aboutir à quelque chose
si cette reconquête de Koupiansk se traduit par des gains pérennes fructifiés dans le cadre d’un accord prochain, c’est très bien.
d’autant plus que ça va bien au-delà du coup de comm’ politique, contrôler Koupiansk c’est assurer la pérennité du contrôle ukrainien sur la rive gauche de la rivière Oskil, vous voyez, toute cette partie de territoire assez importante.
mais si les négociations n’aboutissent à rien dans un futur proche et que l’armée ukrainienne s’est épuisée pour des gains de court terme,
ça peut être une victoire à la Pyrrhus
parce qu’en dehors de ce succès, la situation sur le reste du front reste problématique et la chute de Siversk en est un très bon révélateur.
la ville comptait 10000 habitants avant la guerre pour vous donner une idée
elle tenait depuis 2022, depuis que le front s’était enterré là après la perte de Severodonetsk
mais il a suffi d’une infiltration de soldats russes il y a quelques jours depuis le nord
pour pousser les Ukrainiens à abandonner la ville et à se réfugier sur les hauteurs à l’ouest.
40 mois de siège qui se terminent de manière assez abrupte, ça fait évidemment sensation,
même si on peut se dire que la stratégie des unités locales de se replier en bon ordre pour préserver leur ressource est probablement la bonne compte tenu de la configuration des forces armées en ce moment
après, tout dépend de savoir si effectivement ce retrait s’est effectué en bon ordre,
plus au sud, près de Houliapole, on a assisté à une percée russe qui a amené les troupes d’invasion aux portes de la ville après qu’une unité ukrainienne s’est replié presque sans prévenir
Donc on va voir si on a plus d’infos là-dessus.
toujours est-il que la chute de Siversk ouvre la voie aux Russes pour aller renforcer les attaques sur le secteur de Yampil et ensuite se rapprocher de Sloviansk
donc c’est une très mauvaise nouvelle pour la défense de ce qui reste de l’oblast de Donetsk.
et en règle générale une mauvaise nouvelle qui s’inscrit dans un contexte militaire très difficile pour l’Ukraine
comme j’ai dit, ce succès à Koupiansk est une petite bouffée d’air frais,
mais il faut voir si cette victoire est pérenne, comment elle peut influer sur l’équlibre global du front, et aussi, pourquoi pas, comment elle peut s’inscrire dans le processus diplomatique.
Voilà, je m’arrête là, merci