La catastrophe climatique née de la guerre russe contre l'Ukraine

La COP 30 vient tout juste de se terminer sur un résultat mitigé et décevant, mais ce n’est pas vraiment une surprise

compte tenu des résultats décevants des COP précédentes, on sait déjà qu’on a manqué la cible de 1,5 degrés de réchauffement

et on n’arrive pas à obtenir un engagement pour sortir des énergies fossiles.

A cette COP 30, la position de l’Ukraine était alignée sur celle de l’Union européenne

en promettant une réduction de ses émissions de plus de 65% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et la neutralité carbone à l’horizon 2050

Et c’est tout à fait faisable compte tenu de la décarbonation de l’économie ukrainienne dans le contexte de guerre russe.

Mais ça n’enlève rien au paradoxe dans lequel se trouve l’Ukraine: les émissions liées à la guerre ont atteint 237 millions de tonnes de CO2, ce qui est l’équivalent des émissions de quatre pays européens.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où je décortique un rapport sorti il y a peu sur l’impact environnemental de la guerre russe contre l’Ukraine

Il me semblait important d’en parler d’abord alors que l’on vient tout juste de sortir de la COP,

mais aussi parce qu’on voit que cette dimension environnementale n’est pas du tout prise en compte dans le nouveau plan de paix qui est discuté depuis ce dimanche après-midi à Genève

alors que la dimension environnementale est extrêmement importante, on parle d’une pollution de l’air, d’une contamination des sols par les mines et les engins explosifs,

d’une destruction d’écosystèmes entiers suite à l’explosion du barrage de Nova Kakhovka ou de la pollution de la rivière Sejm, au nord du pays,

ce qui fait qu’on parle d’écocide dans plusieurs cas, notamment celui du barrage de Nova Kakhovka qui était délibéré.

La notion de génocide fait débat, à juste titre, c’est très difficile de trancher, mais l’écocide, il paraît plus facilement démontrable.

Le rapport en question a été publié par l’initiative GHG accounting of war,

donc GHG c’est greenhouse gas, les gaz à effet de serre

c’est une association de professionnels des études du climat qui évaluent les émissions nées de la guerre, et qui donc n’étaient pas prévues par les projections d’émissions

autant de pollution qui aurait pu être évitable si la Russie n’avait pas lancé sa guerre d’agression.

Le constat est catastrophique: depuis février 2022, les émissions s’élèvent à 237 millions de tonnes de CO2 ce qui est l’équivalent des émissions annuelles de l’Autriche, la République Tchèque, la Hongrie et la Slovaquie combinées.

Qu’est-ce qu’on inclut dans ces émissions?

d’abord la guerre elle-même, à chaque fois qu’un missile est tiré, les mouvements de troupes, les explosions, et ainsi de suite,

mais aussi les feux de forêt qui sont provoqués par les combats, les destructions des infrastructures énergétiques, les émissions extraordinaires générées par les mouvements de réfugiés,

les émissions générées par l’aviation civile, c’est-à-dire les détournements d’avion pour éviter un espace aérien ukrainien et russe qui n’est pas sûr

et bien sûr la reconstruction, l’industrie du bâtiment génère énormément d’émissions.

Alors d’abord la guerre elle-même, qui représente le premier producteur de gaz à effet de serre,

à hauteur de 82 millions de tonnes

c’est intéressant parce que le rapport note que la dronisation du front a réduit la consommation de munitions, donc les explosions qui sont nécessaires à leur lancement

mais cette dronisation a aussi mené à une accélération des destructions parce que c’est plus précis et ça a plus de portée, et donc à une hausse des émissions.

Les feux de forêts: une grande partie de l’Ukraine se trouve dans une zone de steppe, très sèche, et ça ne fait que s’empirer avec le réchauffement climatique

alors les combats ont un effet très rapide pour démarrer des feux de forêt dans des zones très sèches.

en plus ça a lieu le long de la ligne de front où les pompiers ne peuvent pas intervenir

En 2024, l’étendue des feux de forêt était 20 fois plus que la moyenne des feux entre 2006 et 2021.

Autre point intéressant: l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre par l’aviation civile qui doit à la fois éviter l’espace aérien ukrainien mais aussi l’espace russe pour de nombreuses compagnies à cause des sanctions

résultat vous le voyez ici, un Londres-Tokyo prend 14h50 de temps de trajet au lieu de 12 heures avant

mais en général, ce sont plus de 350.000 vols par an qui sont perturbés par cette situation de guerre

et cela se traduit par des émissions de gaz à effet de serre en plus. On estime cette augmentation à 20 millions de tonnes.

Toutes ces émissions extraordinaires, dans le sens d’hors de l’ordinaire,

on peut se dire qu’elles se tasseront si on sort du conflit, et encore une fois, on suit attentivement ce qui se passe à Genève.

Mais par contre, la reconstruction, ça sera bien plus dur.

même si on part sur des formules de reconstruction intelligente et respectueuses de l’environnement,

les fameux build back better, build back greener,

et pour ça il faut avoir des moyens budgétaires,

les matériaux de base resteront principalement le ciment et l’acier, deux matériaux dont la production est très intensive en énergie.

ce qui fait que la reconstruction est le deuxième producteur de ces émissions en temps de guerre, et là il semble que c’est très difficile de les réduire.

Encore une fois, je vous mets le rapport en description de la vidéo, il est très complet et très détaillé, la méthodologie est expliquée, et il y a des pistes sur des alternatives notamment dans la reconstruction

mais il me semble très important d’avoir cette dimension en tête,

à la fois les dégâts que cette agression russe a provoqué en Ukraine et pour la planète, à l’heure du réchauffement climatique

et tous les enjeux qui vont avec, pour la définition de la paix et de la reconstruction.

Le rapport estime les dégâts totaux à 43 milliards de dollars, environ 40 milliards d’euros,

mais c’est bel et bien intangible, et c’est quelque chose que les générations futures vont sans aucun doute avoir elles aussi à payer.

Merci!