Un MAGA Président de Roumanie?

Il se revendique comme un candidat MAGA, Make America Great Again, et il serait en passe de devenir président de Roumanie

Lors de l’élection présidentielle d’hier, 4 mai, George Simion a remporté 40% des voix

c’est un candidat clairement marqué à l’extrême-droite, eurosceptique, contre l’aide à l’Ukraine et très trumpiste

Au second tour, le 18 mai, la Roumanie pourrait rejoindre le bloc des Hongrois, Slovaques et Serbes où les illibéraux dominent le champ politique.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où je fais un tout petit point sur cette élection

qui intervient 5 mois après l’annulation de la précédente présidentielle, vous vous rappelez, il y avait ce truculent candidat anti-système et très nationaliste, Calin Georgescu, qui avait bénéficié d’une opération d’ingérence russe notamment à travers le réseau social TikTok

ce qui avait déclenché des enquêtes, des protestations, et l’annulation de l’élection

la décision était très controversée, j’avais moi-même du mal à en voir la justification

parce que Tik Tok n’avait pas provoqué de fraudes dans les urne non plus

et là, l’establishment politique, donc clairement les sociaux-démocrates et les libéraux qui dominent la vie politique depuis deux décennies, ils en paient le prix.

Calin Georgescu a été interdit de participer à cette nouvelle élection, mais il s’est affiché partout avec George Simion,

le leader de l’alliance pour l’union des Roumains, un parti d’extrême-droite, eurosceptique, contre l’aide à l’Ukraine, pour une certaine convergence de vues avec le Kremlin, pour une vision maximaliste de la Roumanie qui aurait des visées par exemple sur la Moldavie

et un parti très trumpiste, George Simion a ouvertement joué la carte des MAGA, en cherchant leur soutien outre-atlantique et en le recevant, il a été mentionné dans le discours de JD Vance à Munich, dans le les tweets d’Elon Musk, il est apparu dans un podcast avec Steve Bannon…

Il vient d’obtenir 40,34% des voix, ce qui le met en très bonne position pour accéder à la présidence

son succès, on l’explique par une vague très forte anti-système, par la contestation de l’annulation de l’élection en novembre, par une montée historique de l’extrême-droite dans le pays, par un soutien passif de la diaspora, par exemple en Italie on a voté à 70% pour George Simion

les ingérences étrangères, qu’elles viennent des Etats-Unis ou de Russie, elles sont moins mentionnées dans le cadre de cette élection,

ce qui là encore rend illisible le jeu des partis sociaux-démocrates et libéraux. La précédente élection, tout était à cause de l’ingérence russe, et cette élection, ça ne serait pas le cas?

Le candidat qu’ils ont soutenu, George Antonescu, est arrivé bon troisième.

Au second tour le 18 mai, George Simion fera face à Nicusor Dan, maire de Bucarest depuis 2020.

Il est centriste de par son conservatisme démocratique, son orientation pro-européenne et pro-Otan, et pro-Ukraine,

Mais il est aussi anti-système de par son militantisme environnemental et ses prises de position parfois radicales.

Juste une parenthèse sur une autre particularité des résultats, la candidate chrétienne démocrate Elena Lasconi avait remporté 19% des voix en novembre 2024, elle s’était qualifiée pour le second tour qui a été annulé,

à cette élection, elle s’est effondrée et n’a récolté que 2,6% des voix, ça montre à quel point le jeu politique roumain est devenu trouble.

Au second tour, George Simion a toutes ses chances vu son score actuel et le potentiel report de voix de Victor Ponta, une ancienne personnalité de gauche qui s’est reconverti dans le conservatisme nationaliste.

S’il est élu, George Simion se retrouvera président dans un système parlementaire, et le parlement est contrôlé par les sociaux-démocrates, donc on n’attend pas de changement radical,

mais le président a un rôle d’impulsion dans la vie politique, il est le chef des armées, il préside le conseil de sécurité qui par exemple décide de l’aide militaire à un pays comme l’Ukraine.

et donc s’il est élu, il y aura des choses qui vont changer, c’est sûr.

et il contribuera à la trumpisation, et à la poutinisation du paysage politique européen.