Istanbul: du grand n’importe quoi

On avait annoncé encore une fois cette journée à Istanbul comme cruciale,

et il était clair que Vladimir Poutine ne viendrait pas à Istanbul pour s’asseoir avec Volodymyr Zelensky,

mais rien ne nous préparait je pense à ce que ce soit du grand n’importe quoi à ce niveau

et je sais qu’en disant ça, ça fait analyse de bas étage,

mais cette journée était absolument ubuesque et absurde.

Et à mon sens c’est très symbolique, car c’est la fin de la séquence trumpienne, je crois qu’on assiste aux derniers moments de cette implication directe des Américains

on voit que Donald Trump ne veut plus avoir d’opinion sur la question, on arrive à la fin

et donc ça ne peut être que ubuesque et absurde, comme il nous a habitué.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue pour cette nouvelle vidéo que je veux très courte, parce que ça ne vaut vraiment pas le coup d’entrer dans tous les détails de la journée

dans les grandes lignes, on a une délégation ukrainienne, une américaine et des européennes qui sont arrivées à Ankara pour discuter, Volodymyr Zelensky s’est lui entretenu avec Recep Tayip Erdogan pendant trois heures,

pendant ce temps une délégation de seconde catégorie est arrivée à Istanbul, je vais y revenir après, on confirmait plusieurs fois que Vladimir Poutine ne viendrait pas en personne

en milieu de journée on a eu un moment irréel avec la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe Maria Zakharova qui s’est montrée à l’écran avec beaucoup d’engouement, on pourrait dire d’enthousiasme après l’heure du repas, pour insulter Volodymyr Zelensky en direct

Et dans le même temps, on a Donald Trump en tournée entre l’arabie saoudite et le Qatar qui nous sortait des propos confus sur lui qui voulait venir à Istanbul mais qui ne voulait pas venir parce qu’ils savait que Vladimir Poutine ne viendrait pas mais peut-être qu’il viendrait s’il venait mais en fait il était sûr qu’il ne viendrait pas…

c’est là-dessus que je veux m’arrêter.

Parce que, encore une fois, il était clair que Vladimir Poutine ne viendrait pas

Il était clair que Volodymyr Zelensky utiliserait chaque occasion pour dénoncer la lâcheté du Russe, pour rappeler que lui est venu et pas l’autre,

Il était clair que les Russes enverraient une délégation de seconde catégorie, sans ministre, sans personnalité de poids, pour reprendre les pourparlers exactement au point où ils se sont arrêtés en 2022, donc pour continuer à négocier la capitulation de l’Ukraine.

Et il était clair que les Ukrainiens, s’ils envoyaient une délégation à Istanbul pour rencontrer les Russes, ce qui se fera demain 16 mai, ils ne voudraient pas du tout reprendre les négociations là où elles s’étaient arrêtées

puisque la situation sur le terrain a changé et les discussions de 2022 sont caduques.

et qu’ils voudraient surtout parler du cessez-le-feu de 30 jours,

c’est d’ailleurs pour ça que le ministre de la défense, et non des affaires étrangères, qui emmène la délégation à Istanbul.

Par contre ce qui n’est pas clair, voire illisible, c’est la position de Donald Trump.

Il soutient une proposition de cessez-le-feu de 30 jours des Européens et des Ukrainiens

Ensuite il change d’avis pour intimer l’ordre aux Ukrainiens d’aller rencontrer les Russes à Istanbul

Ensuite il ridiculise encore Volodymyr Zelensky en assurant que Vladimir Poutine ne le rencontrerait jamais sans lui, et que ça ne servait à rien de venir en Turquie pour faire le pied de grue,

je l’avais dit dans ma dernière vidéo, en termes de communication pour Volodymyr Zelensky ce n’est pas très positif de se faire poser un lapin,

et ce soir, on a Marco Rubio, le secrétaire d’Etat américain, qui estime que les négociations de demain ne vont probablement pas déboucher sur grand chose.

Ce qui fait que c’est illisible.

Mais en fait c’est tristement clair: Donald Trump en a marre, ça ne l’intéresse plus.

il est déjà passé à autre chose avec sa tournée au Moyen orient, ses projets immobiliers, son Boeing à 400 millions de dollars offert par le Qatar, son deal commercial avec la Chine,

Ce dossier est trop compliqué ça ne l’intéresse plus, la seule chose qu’il veut sauver c’est sa relation personnelle, et qu’il croit intime et sur un pied d’égalité, avec Vladimir Poutine.

Il est persuadé qu’en le rencontrant, il peut arriver à avant sur des grands dossiers, pas forcément l’Ukraine, mais sur des grands dossiers.

Vladimir Poutine pense pareil: il est convaincu d’avoir un allié à Washington et il veut rester dans ses bons papiers.

Et en montrant que sa délégation russe et venue avec un plan de paix de 2022 et que les Ukrainiens le refusent, c’est en fait Volodymyr Zelensky qui ne veut pas la paix, ce qui est un retournement total de la réalité.

Ce qui fait que dans cette séquence diplomatique, les Etats-Unis ne sont pas, ne sont plus, une force d’impulsion, de proposition, une force structurante qui aurait pris partie.

C’est une puissance courtisée, que chacun essaie de s’attirer à soi

ce qui explique le flou artistique d’aujourd’hui, avec ses notes très trumpienne.

La messe n’est pas dite et il est possible que Donald Trump se fâche contre l’Ukraine et donne tout à la Russie, comme il voulait le faire avant

Il est possible qu’il se fâche contre Vladimir Poutine et respecte enfin son engagement de sanctionner encore plus la Russie

Mais le plus probable, c’est que les Etats-Unis se désengagent tout simplement.

Et ça, juste une parenthèse, il est évident que le deal sur les minerais n’y changera rien, ça n’a aucune implication sécuritaire.

Comment ils le feront, c’est ça la grande question: en levant les sanctions? en autorisant ou en interdisant les ventes d’armes à l’Ukraine? En continuant à partager, à vendre du renseignement militaire?

L’Ukraine et les Européens attendent de voir pas à quelle sauce ils vont être mangés mais avec quel degré de courtoisie ils vont être lâchés.

Ils se préparent, et le retrait américain ne signifiera pas la fin de l’Ukraine, il y a quand même des capacités, des réserves, des ressources, du soutien international

mais sans le soutien direct de la première puissance mondiale, tout deviendra plus compliqué pour ce pays qui lutte, rappelons-le, contre une invasion existentielle menée avec brutalité par une Russie impérialiste.

Merci d’avoir regardé

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