La Russie sans essence?
Vous avez sans doute vu ces vidéos de longues files d’attente de voitures russes aux abords des stations essence dans certaines régions du pays,
que ce soit dans l’extrême-orient ou en Crimée
depuis quelques jours, au coeur de l’été, ces régions connaissent en effet des pénuries de carburant, notamment de sans plomb 95,
ce qui est le résultat de plusieurs phénomènes, aggravés par les frappes ukrainiennes sur les raffineries russes et d’autres infrastructures.
On se rappelle de cette fameuse phrase de Joe McCain, le sénateur américain, qui décriait la Russie comme une station essence déguisée en pays
qui évidemment était une formulation très caricaturale, la Russie est un peu plus qu’une station essence et on ne peut pas la réduire à sa seule production d’hydrocarbures.
Mais la question se pose quand même: reste-t-il encore de l’essence dans cette station service?
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où je peux déjà répondre à ma question: il y a encore du pétrole en Russie,
le pays compte toujours parmi les principaux producteurs et exportateurs de brut au monde
Mais malgré cela, il souffre effectivement de pénuries au niveau régional.
Je l’ai dit, la raison la plus évidente, ce sont les attaques ukrainiennes sur les raffineries et les infrastructures énergétiques et de transport russes.
Cela fait un moment que ça dure, ces attaques avec des drones de longue portée.
et je ne parle pas du missile balistique Flamingo, pour l’instant il y a beaucoup d’agitation médiatique mais pas encore de production de masse donc le missile n’a quasiment aucun rôle à jouer ici.
Je parle bien des drones de longue portée
Et récemment, les Ukrainiens ont changé leur tactique
Auparavant, ils attaquaient quelques raffineries dans des régions différentes et ils causaient des dégâts qui pouvaient être réparés en peu de temps.
Maintenant, ils se concentrent sur des régions particulières, soit au niveau du raffinage, soit au niveau de la consommation, et ils concentrent leurs raids afin de provoquer bien plus de dégâts
depuis le début du mois d’août, pas moins de 7 raffineries ont été attaquées et 4 d’entre elles ont du cesser leurs opérations pour une durée plus ou moins longue.
La Russie aurait perdu 13% de ses capacités de raffinerie depuis le début de l’année, selon le Moscow Times.
Et jusqu’à présent la Russie avait su faire face, à la fois pour assurer la consommation intérieure mais aussi ses exportations.
Mais les attaques ukrainiennes ont agi comme un catalyseur de différents facteurs.
D’abord, le fait que plusieurs raffineries ont attendu l’été pour être mises en maintenance
ce qui a créé un manque dans les capacité de raffinage
tout comme ça avait été le cas l’été dernier en Ukraine, quand plusieurs réacteurs nucléaires avaient été mis en maintenance en même temps et que cela avait provoqué une série de longues coupures de courant.
Mais la différence avec la Russie, c’est que les sanctions compliquent l’acquisition de pièces détachées et les processus de réparation.
En plus de cela, c’et précisément le moment où la demande de sans plomb 95 est en hausse en Russie
la plupart des voitures privées roulent à l’essence, seulement 10% au diesel
et là, c’est l’été, les gens se déplacent plus
mais ausis parce qu’ils se déplacent plus en voiture ou en bus, car les attaques ukrainiennes ont perturbé le réseau ferroviaire et bien sûr le transport aérien.
J’en avais déjà parlé dans deux vidéos, c’est une arme très efficace que les Ukrainiens ont trouvé pour ramener la guerre en Russie, nuire à son économie et faire sentir le conflit à sa population.
Et on voit qu’en combinant ces attaques avec celles sur les raffineries, ça déstabilise vraiment la situation intérieure en Russie.
Le fait que certaines régions souffrent plus que d’autres, c’est lié en grande partie à un autre facteur, les difficultés d’approvisionnement vers des régions isolées
comme des régions de Sibérie et d’extrême orient
en Crimée, c’est aussi lié à des difficultés d’approvisionnement mais en plus de cela la demande est très forte à cause des touristes qui ont afflué sur les plages.
Résultat, les prix du sans plomb 95 ont dépassé le millier de dollars la tonne en août,
ce qui est une augmentation de 55% par rapport au début d’année et de 8% par rapport au mois de juillet.
voilà qui alimente l’inflation, qui est une des principales préoccupations de la banque centrale de Russie
d’autant plus que ce phénomène n’échappe pas à la spéculation des distributeurs qui ont acheté en avance et fait des stocks et qui attendent encore pour se faire des marges appréciables.
La situation inquiète suffisamment les autorités russes pour que d’une part elles mettent en place un système de coupons dans quelques régions,
ce qui rappelle les pénuries de la fin des années 1980 et du début des années 1990
mais aussi pour que les autorités mettent en place un embargo sur l’exportation de sans plomb 95 fin juillet
et pour qu’elles demandent des approvisionnements depuis le Bélarus et le Kazakhstan.
ce qui est un sacré retournement de situation pour la Russie grande productrice de pétrole
seulement voilà, le Kazakhstan a ses propres besoins et il a annoncé des restrictions aux exportations
et l’oléoduc qui relie la Russie à la Russie vient d’être pénalisé par des raids de drones ukrainiens sur une station de pompage à Unecha
ce qui pénalise aussi les livraisons de pétrole russe à la Hongrie et à la Slovaquie, et qui crée une énième crise diplomatique à laquelle pourrait bien s’associer Donald Trump…
et donc la situation de pénurie partielle d’essence en Russie ne va pas se résoudre d’elle-même demain.
Elle devrait se résorber au début de l’automne, quand la demande sera moindre et qu’un certain nombre de raffineries auront repris leur activité.
Et là, on parle de soucis pour les russes, pas d’une crise systémique
ne serait-ce que parce que les poids lourds et les véhicules militaires roulent au diesel, on n’aura pas de gros impact sur l’économie ou l’effort offensif russe.
mais ça pèse quand même. récemment Le renseignement ukrainien estimait que les frappes dans la profondeur russes sur les infrastructures énergétiques, de transport, et de les vols de drones autour des aéroports
avaient coûté au moins 4% du PIB à la Russie
C’est une estimation ukrainienne, donc à prendre avec précaution,
mais c’est sûr que ces attaques et leurs conséquences sont autant de contraintes sur l’économie de la Russie
et en plus c’est un signal de vulnérabilité, précisément au moment où la Russie se montre très sûre d’elle et de son avantage sur l’Ukraine
Donc je ne vais pas dire que ça peut avoir un impact sur les négociations puisque ces négociations sont plus ou moins au point mort,
le Kremlin assurant que la rencontre Poutine-Zelensky n’aura pas lieu dans un futur proche.
Mais ça envoie des signaux. Hier, au milieu d’une nouvelle série de communication erratique,
Donald Trump a encouragé l’Ukraine a aller à l’offensive contre la Russie, critiquant encore une fois Joe Biden pour avoir insisté sur la défensive
Ce n’est pas exactement vrai, la différence entre offensif et défensif depuis 2022 et l’attitude américaine vis-à-vis de ça est bien plus complexe, même sous Donald Trump,
mais surtout, on voit que les Ukrainiens n’ont pas attendu l’autorisation américaine pour frapper la Russie dans sa profondeur.
et obtenir des résultats tangibles.
Merci d’avoir regardé