Quelles garanties de sécurité?
On est toujours dans le flou quant aux prochaines étapes de la séquence diplomatique initiée par l’administration Trump pour mettre un terme à la guerre russe en Ukraine
en premier lieu, on ne sait toujours pas si la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump aura bien lieu, on n’a toujours aucune confirmation de la partie russe.
Mais d’ores et déjà, on sent que les équipes en Ukraine, dans les chancelleries européennes et à Washington s’activent pour définir des garanties de sécurité pour l’Ukraine
Alors, explorons ça ensemble.
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on essaie de se projeter sur un scénario de fin du conflit, même si, j’ai bien insisté dans mes précédentes vidéos,
il y a de très fortes chances que cet effort diplomatique n’aboutisse pas, en tout cas n’aboutisse pas à qqc de global.
Alors, d’abord, du coté russe, il y a cette garantie de sécurité qui paraît évidente et que Sergeï Lavrov a réitéré encore aujourd’hui
c’est un système de sécurité européenne qui offre à la Russie un droit de veto sur la politique de Kyiv.
Ces garanties seraient apportées par les membres du conseil de sécurité de l’ONU, la France, la Grande Bretagne, la Chine, les Etats-Unis et la Russie elle-même
avec le concours potentiel d’autres pays comme la Turquie ou l’Allemagne.
C’est à dire un système qui garantirait la neutralité de l’Ukraine, car les droits de veto des uns et des autres l’empêcherait de décider de ses propres orientations stratégiques.
Ca, c’est une proposition qui entre en droite ligne avec ce que la Russie voulait au début de l’invasion et qu’elle a poussé lors des négociations à Istanbul au printemps 2022.
C’est évidemment inacceptable en l’état pour l’Ukraine, d’autant plus que la condition synéquanone de l’établissement de ce système, ce serait la cession des zones non-occupées de la région de Donetsk.
Mais ça, d’une part, ce ne serait qu’une pause car le Kremlin veut subjuguer l’Ukraine dans son entièreté.
Ensuite, c’est sans doute un piège car la cession de territoire pour déstabiliser l’Ukraine de l’intérieur, peut-être faire tomber Volodymyr Zelensky
et offrir plus d’opportunités à la Russie pour renforcer son contrôle sur l’Ukraine.
Mais admettons. La situation est telle, sur le terrain militaire comme diplomatique, que ’Ukraine pourrait reconnaître le contrôle de facto de quelques territoires, sans doute pas de jure
Pour promouvoir un tel concept en Ukraine, Zelensky devra au minimum obtenir des garanties de sécurité suffisantes,
affirmant qu'après avoir renoncé à ces territoires, le reste du pays restant sous le contrôle de Kiev sera à l'abri de futures attaques russes.
D'où le discours de l'Ukraine, accepté et compris par ses alliés européens, mais adressé à Trump, selon lequel elle doit bénéficier de garanties de sécurité adéquates.
A Moscou, Vladimir Poutine aurait visiblement proposé à Steve Witkoff de promettre par écrit de ne plus attaquer l’Ukraine
ce qui impliquerait par ailleurs qu’il reconnait l’avoir attaqué en premier lieu, mais passons
Mais on sait ce que valent les promesses de la Russie.
Les Ukrainiens se souviennent ici du désormais tristement célèbre Mémorandum de Budapest de 1994, par lequel ils cédaient leur immense arsenal nucléaire en échange de garanties de respect de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale par les puissances de l'époque : la Russie, la Chine, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.
Ensuite il y a eu le traité d’amitié de coopération et de partenariat de 1997 entre la Russie et l’Ukraine
On a aussi eu Vladimir Poutine qui entre son arrivée au pouvoir en 2000 et la guerre de Géorgie de 2008 jurait ses grands yeux que les frontières de l’Ukraine, Crimée inclue, ne posaient pas de problème…
ou même que l’élargissement de l’Otan n’était pas un problème!
On a vu ce que ça a donné à partir de 2014.
Et donc, lors du sommet de Washington des dirigeants européens avec Trump, et depuis, l'accent a été mis sur le type de garanties et d'assurances de sécurité qui pourraient être fournies à l'Ukraine, lui permettant d'accepter un accord de paix incluant des concessions territoriales de facto, pas de jure.
Il est entendu que Zelensky doit recevoir des éléments très concrets et fermes pour pouvoir vendre un tel accord en Ukraine.
La plus évidente des garanties de sécurité, ce serait une adhésion à l’Otan.
Mais on voit que d’une part, c’est mort et enterré par les Américains et quelques pays européens
et que d’autre part, l’Otan n’est plus ce qu’elle était car DOnald Trump a miné sa crédibilité.
une autre garantie de sécurité pour l’Ukraine serait son adhésion à l’Union européenne
et ça, on voit que Donald Trump semble l’avoir compris après ses réunions avec les dirigeants européens
puisque dès lundi il a pris son téléphone pour appeler Victor Orban pour lui demander, apparemment très fermement, de lever son veto à l’ouverture des négociations d’adhésion
On verra si ça a marché, Victor Orban étant lui-même de plus en plus critique de DOnlad Trump sur ce sujet de la guerre en Ukraine.
Adhérer à l’Union européenne, c’est une garantie de réformes, de soutien financier et d’investissements étrangers,
et ça peut être considéré comme une garantie de sécurité dans la mesure où l’assistance mutuelle est inscrite dans le traité, c’est l’article 42-7
Mais l’adhésion à l’UE, c’est un processus technique qui prend du temps, donc il ne faut sans doute pas compter dessus dans les mois qui viennent.
Si l’Ukraine ne peut pas adhérer à l’Otan et que ça prendra du temps d’adhérer à l’UE, il reste un troisième format, c’est rejoindre ce qu’on appelle la force expéditionnaire conjointe britannique,
un groupe de réaction rapide qui unit la Grande Bretagne, les Pays-Bas,
les pays du nord de l’Europe, Islande, Norvège, Danemark, Suède, Finlande,
et les trois pays baltes: Estonie, LEttonie, Lituanie.
C’est un groupe très intéressant de pays qui se posent moins de questions que beaucoup en Europe et qui sont pour la plupart très conscients de la menace russe.
L’Ukraine travaille déjà étroitement avec ce groupe et si rien d’autre ne marche, son adhésion pourrait tout à fait être considérée. Mais c’est encore à l’état d’option.
Donc sans adhésion à l’Otan, et avec les adhésions aux autres organisations étant soit éloignées dans le temps soit hypothétiques, on partirait sur un format hybride, avec plusieurs composantes de garanties de sécurité
D’abord, la première des garanties de sécurité ce serait l’Ukraine elle-même.
Emmanuel Macron a bien insisté sur la nécessité d’avoir une armée permanente de plusieurs centaines de milliers d’hommes
et la permanence de cette armée doit s’accompagner d’une industrie de l’armement très productiviste
et bien intégrée sur les marchés internationaux pour s’assurer d’avoir du capital
et s’assurer d’avoir la possibilité d’acheter des armes à l’étranger pour acquérir des systèmes qui n’existent pas en Ukraine.
A cela s’ajouterait l’appui de la coalition des volontiares, un groupe de 30 pays, principalement européens membres de l’Otan,
qui serait prêt à déployer des troupes au sol, à assurer une présence en mer noire, à assurer une protection aérienne, à apporter du soutien logistique et financier en fonction des pays
Ce sont ces détails qui sont étudiés en ce moment
la France et la Grande Bretagne sont les plus à même de déployer des troupes,
L’allemagne une protection aérienne,
les flottes roumaines, bulgares et turques, tout trois présents en mer Noire et membres de l’Otan, pourraient assurer une protection en mer…
Et ainsi de suite.
meloni
Ca, ça serait la reproduction du système de protection d’Israël qui bénéficie, en pratique, de cette formule de l’article 5 sans l’article 5
Mais à cette force, il faut la puissance technologique et logistique des Etats-Unis,
ou en tout cas les pays européens sont persuadés qu’il le faut
et c’est là où le bas blesse. les Etats-Unis disent maintenant qu’ils vont contribuer à soutenir cette force
Donald Trump a évoqué une protection aérienne notamment.
Mais il ne le disait pas il y a quelques jours, quelques semaines,
et peut-être qu’il peut changer d’avis de nouveau.
Sans le soutien des Etats-Unis, la coalition des volontiares a déjà clairement fait savoir qu’elle n’avait pas la volonté politique de se déployer seule
ce qui pose un sérieux problème de crédibilité, de dire qu’on veut envoyer des soldats sans qu’ils ne prennent part au moindre combat.
mais ce qui veut dire que cette coalition des volontiares ne ferait que continuer à faire que ce qu’elle fait depuis 2022: un soutien militaire et financier
Et donc ça pose énormément de questions quant à ces garanties de sécurité que l’Ukraine pourrait accepter en échange d’un renoncement à une partie de son territoire, ce qui a l’air d’être la vision de Donald Trump et des dirigeants européens
et ça, de facto, j’entends bien de facto et pas de jure.
Donc, je résume ces garanties de sécurité qui sont sur la table:
une proposition russe qui est avant tout une des facettes de la capitalution qu’elle attend d’une Ukraine neutralisée.
pas d’adhésion à l’Otan, une adhésion à l’Union européenne toujours lointaine
des garanties bilatérales offertes par les pays de la coalition des volontaires mais qui sont étroitement liées à l’attitude de l’administration Trump.
Si les Etats-Unis ne soutiennent pas, ça sera beaucoup moins efficace voire nul.
En fait la garantie de sécurité qui semble la plus garantie, sans mauvais jeu de mot, c’est l’armée ukrainienne.
Même si on le voit en ce moment, elle ne suffit pas à pleinement assurer la sécurité de l’Ukraine et à mettre fin à la guerre.
ça va être intéressant de voir ce qui va ressortir des discussions actuellement en cours.
et surtout intéressant de voir comment la Russie va y réagir.
Merci