Les exigences de Poutine

On l’a vu ces trois dernières années, les Russes n’ont pas bougé d’un iota quant à leurs demandes maximalistes vis-à-vis de l’Ukraine

Là où les Ukrainiens ont du revoir les attentes à cause de l’évolution de la situation militaire et géopolitique.

Les Russes restent très fermes et constants dans leurs demandes, mais toujours avec des nuances en fonctions de la période.

Et là, ils sont visiblement arrivés avec une nouvelle liste: un engagement clair de l'Otan que l’organisation ne s'élargira plus vers l'est, ce qui inclut Géorgie, Moldavie et bien sûr Ukraine.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on fait un petit point sur ces nouvelles demandes, qui ont été révélées par l’agence Reuters,

et qui seront visiblement discutées lors d’un prochain round de négociations bilatérales ukraino-russes, à Istanbul ce lundi 2 juin

En soi, rien de nouveau, et depuis 4 mois, tout le monde parle sans que cela se traduise en actions

Donald Trump dit tout et son contraire et s’il n’était pas le chef de la première puissance mondiale on aimerait bien arrêter de l’écouter

Les Européens promettent des armes et du soutien, et il y a des choses qui se passent comme aujourd’hui à Berlin où Friedrich Merz s’est montré bien plus ferme que son prédécesseur Olaf Scholz

mais ces changements ne sont pas de nature à renverser le rapport de force

Volodymyr Zelensky parle lui aussi dans tous les sens, en tentant de motiver les Européens et de se préserver les faveurs de Donald Trump

au moins être sûr que Donald Trump ne devienne pas hostile à l’Ukraine, encore plus qu’il ne peut l’être aujourd’hui.

Volodymyr Zelensky vient tout juste de mettre un avant un plan d’augmentation de la production d’armes en Ukraine, qui représentent déjà entre 30% et 40% des armes utilisées sur les fronts.

Et pour ça il les capacités de production, l’industrie ukrainienne est vraiment montée en puissance ces deux dernières années.

Mais il a besoin de 30 milliards de dollars, et pour ça il faudrait pouvoir utiliser les actifs russes gelés

autant dire que rien n’est encore fait.

et que donc, on est dans une phase de déclarations, de commentaires, de réactions,

Il y a bien sûr des actions, comme les bombardements russes sur les villes ukrainiennes, les raids de drones ukrainiens dans la profondeur russe, les combats au sol avec ces efforts offensifs russes dans trois secteurs,

mais on n’est pa dans une phase d’actions concrètes qui pourraient inverser le rapport de force sur le terrain.

Les Russes, c’est pareil. Beaucoup de déclarations, beaucoup de réactions à ce qui vient de Washington, et beaucoup de demandes.

Donc selon l’agence Reuters, on aurait une nouvelle version, qui consisterait notamment dans un un engagement clair de l'Otan qu'elle ne s'élargira plus vers l'est, ce qui inclut Géorgie, Moldavie et bien sûr Ukraine.

Moscou exige aussi que l'Ukraine soit neutre, que des sanctions soient levées, que la question des actifs russes gelés soit "réglée"

ces 2 derniers points montrant que oui, ça fait mal à la Russie

et que les russophones d'Ukraine soient “protégés”, ce qui est une vieille rengaine, complètement infondée et ça je le sais parce que je vis en Ukraine et on y parle russe sans souci.

il faudra vraiment que je fasse une vidéo sur cette question linguistique d’ailleurs.

Cette nouvelle version des demandes russes, elle rentre dans le cadre de ce qu’on a appelé des mémorandums que les Américains ont demandé des deux parties

l’Ukraine a envoyé le sien il y a quelques jours, on n’a pas de détails

et la russie a elle envoyé son document à l’Ukraine directement, en estimant que les Etats-Unis n’ont plus grand chose à faire dans ce processus.

Ce qui n’est pas faux, maintenant que Donald Trump n’arrive clairement pas à imposer un cessez-le-feu, et qu’il se refuse à continuer à soutenir l’effort de guerre

Alors, bon, cette liste est intéressante. Evidemment on peut se poser la question d’où est passée la question du retrait des troupes ukrainiennes des territoires des quatre oblasts que la Russie n’occupe pas,

où sont passées les questions de démilitarisation, de changement de régime politique, d’énergie, ou de commerce

Mais c’est peut-être que cette liste de Reuters est parcellaire et qu’elle ne reflète pas l’entièreté du document.

En tous les cas, même si c’est parcellaire, ça donne à réfléchir.

Parce qu’un côté, ça remet l’Otan au coeur des préoccupations russes

et effectivement, peut-être que ces trois pays n’adhéreront jamais à l’Otan et de toutes les manières l’Otan, ce n’est plus ce que c’était vu que les Etats-Unis n’apportent plus crédibilité nécessaire à l’article 5

Mais d’un autre côté le Kremlin ne parle plus de retrait de l’Otan à ses frontières de 1999

et visiblement, l’appartenance des pays baltes ou de la Finlande, ça ne l’inquiète pas du tout

alors que ça place l’Otan à une centaine de kilomètres de Saint Pétersbourg!

Le sujet n’est donc pas l’Otan et les risques sécuritaires pour la Russie, il est dans la capacité de la Moldavie, de la Géorgie et de l’Ukraine à résister à des agressions futures

Le Kremlin veut être sûr que ces pays ne pourront pas faire face aux prochaines phases du projet impérialiste russe.

Et si je me permets de revenir à 2014: les Ukrainiens ne voulaient pas rejoindre l’Otan à une écrasante majorité.

Le pays était neutre, dans la continuité de la politique multivectorielle de Leonid Koutchma

la révolution n’avait rien changé à ça et l’accord d’association avec l’Union européenne était un outil économique de modernisation du pays, pas un vecteur géopolitique

regardez Israël, qui bénéficie aussi d’un accord d’association avec l’UE, on ne peut pas dire qu’Israël soit pro-européenne

En 2014, l’Ukraine était de facto démilitarisée, quand les russes ont occupé la Crimée on s’était rendu compte qu’il ne restait qu’à peine 6000 hommes en état de combattre, il n’y avait plus d’armée

En 2014, il n’y avait aucune sanction internationale contre la Russie

En 2014, comme aujourd’hui, les Russophones vivaient en paix comme partie prenante de la société ukrainienne

la question était instrumentalisée politiquement, de part et d’autre, mais elle ne posait pas de problème au quotidien.

C'est l'agression russe de 2014, en Crimée et dans le Donbass, qui a poussé l'Ukraine à se rapprocher à ce point de ce qu'on appelait alors l'Occident, et ce dernier à imposer des sanctions.

Du coup je me demande: si c’est ça la nouvelle liste de demandes russes, est-ce que tout cela valait le coup, ces 11 ans de guerre et ces dizaines de milliers de morts pour revenir au point de départ?

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