Après la guerre, Zelensky rejeté?

En temps de guerre, 60% des Ukrainiens font confiance à Volodymyr Zelensky en tant que Président

Mais après la fin de la guerre, ils ne seraient que 25% à souhaiter qu’il reste en politique, soit Président, soit à un poste à responsabilité.

C’est le résultat très intéressant d’un sondage qui vient de sortir, et c’est de ça dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on fait un petit point par la politique ukrainienne, toujours particulièrement intéressante et dynamique malgré le contexte de loi martiale

A cause de cette loi martiale il faut observer ces sondages et autres indicateurs avec beaucoup de prudence, car on ne sait pas exactement ce qu’il se passera à la fin de la guerre

tout dépend de quand et comment l’Ukraine sort de ce conflit ravageur.

Mais c’est intéressant. Donc je parle de ce sondage, je n’entre pas dans les détails de l’actualité politique du jour, c’est la déchéance de nationalité du maire d’Odessa, c’est un feuilleton oligarchique, on aura sans doute l’occasion d’y revenir plus tard.

Là donc, l’institut international de sociologie de Kyiv, une institution très respectée, a posé les mêmes questions sur le sort politique de Volodymyr Zelensky et de Petro Porochenko

donc l’actuel Président et l’ancien, les deux finalistes de l’élection de 2019.

Et donc après la guerre, 25% souhaite que Zelensky soit à un haut niveau de responsabilité (donc Président),

9% pour Porochenko.

16% veulent que Volodymyr Zelensky reste actif en politique sans exercer de responsabilité, 14% pour Petro Porochenko.

Donc ça veut quand même dire que 41% des répondants voudraient voir Zelensky en politique, mais c’est une minorité.

D’autant plus que 36% voudrait que Zelensky quitte la politique, 46% pour Porochenko.

Encore plus intéressant: 14% souhaiterait que Zelensky soit ciblé par des poursuites pénales, 23% pour Porochenko.

Ca, c’est intéressant dans le sens où l’institut de sociologie pose la question, ce n’est quand même pas anodin, ils auraient pu poser la question d’une carrière à l’Otan ou à l’Union européenne ou de son retour au show-business, je ne sais pas.

Et là en posant la question des poursuites pénales, personne ne précise les chefs d’inculpation, donc ça reste très vague.

Plus généralement, on sent un besoin de renouvellement: 45% souhaite que ni Zelensky, ni Porochenko restent en politique.

32% voudraient que Porochenko parte mais que Zelensky reste en politique,

14% l’inverse.

On sent un rejet de Petro Porochenko bien plus marqué que de Zelensky, et c’est consistant avec le niveau de soutien dont il bénéficie en ce moment

dans le même sondage, il est à 60% de confiance, 35% de défiance et 5% sans opinion

Ca veut dire que Zelensky est encore très large. On voit qu’il était tombé à 52% en décembre 2024 avant la prise de pouvoir de Donald Trump

et que avant l’invasion, en février 2022, il était à 32% de confiance,

donc il est très large.

Est-ce que ce résultat est contradictoire? Au demeurant oui mais pas tant que ça si on y regarde bien

D’abord, les Ukrainiens font confiance à Volodymyr Zelensky en temps de guerre, pour mener et représenter le pays à l’étranger, comme communiquant en chef.

Mais en tant que gestionnaire de la machine d’Etat, en tant que réformateur, en tant que champion de la lutte anti-corruption, les avis sont beaucoup plus mitigés

c’est reflété dans ce 32% de confiance en février 2022 dont j’ai parlé,

mais aussi dans les récentes manifestations autour de la lutte anti-corruption en juillet. Les Ukrainiens sont très circonspects face à l’exercice même du pouvoir par l’équipe de Volodymyr Zelensky.

Deuxièmement, c’est assez classique. La comparaison que l’on entend très souvent, c’est celle de Churchill qui a mené la Grande-Bretagne pendant la WWII et qui s’est fait sanctionné dans les urnes directement après.

Troisièmement, c’est aussi tout à fait cohérent avec ce que Zelensky a lui-même annoncé, dans une récente interview à Axios.

Il dit que son but c’est de gagner la guerre, pas de gagner de prochaines élections.

Donc en fait ces résultats sont assez cohérents et on verra si à la fois les Ukrainiens et Volodymyr Zelensky restent cohérents avec eux-mêmes après la fin du conflit.