Les Russes délaissent Pokrovsk et poussent vers Pokrovske et Zaporijjia
Plus d’un an après avoir atteint les faubourgs de Pokrovsk, l’armée russe n’a toujours pas pu conquérir cette ville qui comptait il y a encore peu de temps 60.000 habitants.
Cela n’empêche pas que pour les Ukrainiens, l’effort défensif est énorme.
Et la concentration de ressources pour sauver Pokrovsk et réduire le saillant russe entre Pokrovsk et Dobropillya a dégarni d’autres fronts.
Depuis quelques semaines, les Russes poussent leur avantage au sud de l’oblast de Donetsk, vers la profondeur des oblast de Zaporijia et Dnipropetrovsk.
C’est l’un des secteurs qu’il faut regarder de près, car c’est là qu’il y a du mouvement.
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on s’intéresse à cette partie du front de la guerre russe en Ukraine.
Koupiansk et Lyman restant des points particulièrement chauds, sans oublier les frappes aériennes qui se multiplient sur les cibles énergétiques ces dernières semaines
avec cette nouveauté, comme je l’avais dit dans ma précédente vidéo, que l’Ukraine riposte bien plus qu’avant, et visiblement, selon des informations de Reuters, avec l’aide des Etats-Unis
on peut être surpris mais visiblement les Américains ont aidé les Ukraniens depuis des mois avec des itinéraires de vol,le timing, l’altitude et ou encore les tactiques de raids
C’est intéressant, et ça peut effectivement concrétiser le revirement de Donald Trump sur ce dossier ukrainien dont on parle beaucoup.
Je reste sceptique quand même, il y a beaucoup de choses que la Maison blanche aurait pu faire ces 9 derniers mois qu’elle ne fait toujours pas
et de toutes les manières ça n’aiderait pas forcément, en tout cas pas instantanément, l’UKraine sur le front.
Et sur ce front, donc au sud de l’oblast de Donetsk, à l’est des oblasts de Zaporijjia et Dnipropetrovsk, la Russie avance bien.
On suit la situation depuis un certain temps, avec la prise de Vulgledar, Kurakhove, VelykaNovosilka,
les Russes se sont retrouvés en terrain ouvert, dans cette région de steppes et de champs,
sans trop de forêts ni de grande ville,
et donc ils avancent à un rythme soutenu
la différence étant donc marquée avec Koupiansk, Lyman ou Pokrovsk où là, il y a des obstacles plus conséquents qui structurent la morphologie de la ligne de front et ont mené à des situations de siège et de guerre de position.
Cette région au sud de l’oblast de Donetsk est parcourue de rivières mais on a vu depuis assez longtemps que les Russes sont passés maîtres dans la construction de ponts de fortune et arrivent assez facilement à multiplier les points de passage
alors que les Ukrainiens n’arrivent pas à les détruire suffisamment vite.
Par manque de moyens mais surtout par manque d’hommes, et ça on le voit très nettement maintenant que le haut commandement a beaucoup misé sur la défense de Pokrovsk
A la mi-août, la percée des Russes entre Pokrovsk et Dobropillia a créé un sentiment d’urgence et beaucoup de ressources ukrainiennes ont été redirigées dans ce secteur.
Près de deux mois après, la situation est loin d’être claire, mais au moins les russes ont été stoppés
et eux en tirent les conséquences: c’est bloqué autour de Pokrovsk et donc vers Kostyantinivka, Droujkivka, Kramatorsk et Sloviansk,
et donc ils redirigent de nombreuses unités vers le sud.
les Ukrainiens ne peuvent pas faire face à tout, d’autant plus que les Russes ont à la base un avantage numérique.
et que dans ce secteur, on compte la 90e division de chars d’assaut de l’armée russe, qui est très bien équipée et qui dispose à elle seule d’une force estimée à 25000 hommes.
Deuxième facteur qui défavorise les Ukrainiens: leurs lignes de défense sont principalement orientées sud-nord, et non est-ouest, et ça c’est vrai dans tout l’oblast de Zaporijia, on y reviendra,
donc les Ukrianiens se retrouvent en terrain découvert, en sous-effectif, sans avoir forcément préparé de solides défenses au préalable même s’ils en avaient clairement le temps
actuellement, il y a deux points chauds dans ce secteur:
au nord; Zeleniy Haï, une bataille qui dure depuis des mois sans grande victoire décisive d’un côté ou de l’autre
si les Russes arrivent à bien s’y installer, ils bénéficeront de l’abri très relatif de la rivière Vovcha qui marque aussi la frontière de l’oblast
et à partir de là ils pourront mener des incursions avec des groupes d’infiltration vers les prochains bourgs, Havrylivka, Ivanivka, et Novopavlivka.
Mais ils ne sont pas encore bien installés, on ne sait pas encore de quel côté va pencher la balance.
au sud de cette zone, les russes avaient réalisé de bonnes avances grâce à une couverture forestière, donc toute relative hein on ne parle pas d’une forêt dense mais dans cette région de steppe tout bosquet offre un abri.
Les Ukrianiens viennent de mener une contre-offensive localisée et de reprendre le village de Sosnivka
comme je le dis depuis plusieurs vidéos, quand je dis reprendre, c’est très relatif, ça peut être seulement une partie de la ville, ça peut être seulement un petit groupe de soldats,
ça ne veut pas dire que l’armée y a pris ses quartiers
en tous les cas voilà qui stoppe l’avancée russe pendant un temps, qui empêche les troupes de Moscou de s’installer et de se servir de ces positions pour mener plus d’actions offensives plus loin
ce plus loin voulant dire évidemment Pokrovske.
Les russes n’ont pas pu prendre Pokrovsk, voilà qu’ils se concentreraient sur Pokrovske, qui est la prochaine petite ville que les Russes rencontreraient sur leur chemin après Velyka Novosilka.
Sachant que, si on dézoome encore un peu plus, tout ce mouvement russe dans cet espace dégarni, rural, peut à un moment donné commencer à ressembler à un mouvement vers la grande ville de Zaporjiia, une métropole industrielle d’un million d’habitants
et mener à une restructuration du front à l’avantage de la Russie qui lui permettrait de prendre tout l’oblast de Zaporjiia que Poutine a annexé sur le papier en septembre 2022.
On le sait, cette guerre n’est pas territoriale, elle est politique de par sa nature, il s’agit de nier l’existence de l’Ukraine en tant que pays souverain et de subjuguer tout l’Etat en tant qu’entité. indépendante
mais la dimension territoriale n’en reste pas moins importante: ce que Poutine ne peut obtenir par des concessions politiques de Kyiv ou de Washington, il cherche à le conquérir par la force.
et vu le terrain rural sans obstacle naturel ou urbain, vu les défenses ukrainiennes qui sont orientées du sud au nord, vu le décalage numérique, il est tout à fait possible que les Russes obtiennent à terme des gains territoriaux appréciables dans cette région s’ils continuent à pousser.
Cela étant dit, il faut toujours garder en tête que c’est lent, les russes n’ont progressé que de six kilomètres pendant le mois de septembre.
donc ça va leur prendre pas mal de temps pou créer une différence
d’autant plus que l’hiver approche, on a vu les saisons précédentes que cela n’arrêtait pas grand chose mais ça quand même un impact sur la mobilité des véhicules.
et rappelez-vous que nous sommes dans une guerre d’attrition, avec des pertes conséquentes des deux côtés et un épuisement généralisé des ressources
donc il est tout à fait possible que les efforts, offensifs ou défensifs, baissent en intensité à un moment donné.
On va suivre ça. EN tout cas, vous avez appris le nom de Pokrovsk, retenez celui de Pokrovske, dont on risque d’entendre parler à l’avenir.
Merci